La honte d’être fière

Avant d’avoir des enfants je trouvais que les parents étaient un peu tarés tant ils s’émerveillaient devant les prouesses toutes relatives de leurs morpions. Par exemple je ne comprenais pas qu’une maman puisse s’extasier devant les bonhommes verts qui sourient du « carnet » de sa fille élève en moyenne section de maternelle. Ça me dépassait … jusqu’à ce que ça m’arrive ! J’ai honte mais je vous raconte quand même parce que je suis certaine que je ne suis pas la seule et qu’il y en a qui vont se reconnaître.

Vie n°1 a ramené son fameux carnet que j’avais déjà vu quatre ou cinq fois et où les p’tits ronds verts et les commentaires de sa maitresse m’avaient jusqu’alors permis de noter que ma fille est plutôt bien à l’aise en collectivité et qu’elle « évolue » correctement.
C’est con mais ça rassure quand même sur nos capacités d’éducateurs et on se dit qu’on se débrouille pas trop mal pour l’instant. Mais sur son dernier coup de stylo l’institutrice m’a bien eu et je ne m’attendais pas du tout à être remplit de ce drôle de sentiment de fierté que je détestait tant ! J’ai honte. Je vous jure que j’ai honte. Mais en même temps je profite parce que ça ne sera peut-être pas toujours la gloriole quand elle ramènera ses bulletins, surtout si c’est la même que son père moi. Allez soyons optimiste elle semble quand même bien partit, en tous cas mieux que sa sœur qui nous tabasse à longueur de journée mais ça c’est un autre sujet …
Pour continuer sur mon élan mèretrofière notre petite Vie n°1 est bien barrée aussi en musique. C’est une gamine qui chante tout le temps alors quand j’ai su qu’il y avait des cours d’éveil musical dans le village voisin je n’ai pas hésité à l’inscrire. Et après une année d’apprentissage nous voilà partit à la remise des diplômes durant laquelle ma petite Castafiore a chanté avec ses copains deux chansons que je savais par cœur à force de l’avoir entendu les brailler du matin au soir !!! Toute émue j’ai vu ma fille recevoir son premier diplôme et j’ai encore eu honte. Mais des fois ça fait du bien d’avoir honte ! D’autant que je dois vous avouer que la semaine précédente au spectacle de l’école elle a été nulle et a chialé tout le long … du coup j’ai eu honte d’être sa mère … han c’est moche ce que je viens d’écrire et c’est pas vrai en plus, enfin si elle a pleuré mais non je n’ai pas eu honte.
Par contre ceux qui devraient avoir honte c’est les responsables de la mairie du village où se déroulait le concert et l’accessibilité à deux balles des locaux. Déjà en arrivant je me suis dit que ça n’allait pas aller en voyant la tronche du monte-charge. Accroché à la rambarde de l’escalier il me semblait bien frêle pour pouvoir nous emmener, mon fauteuil et moi, à destination. L’escalier faisant un demi tour je flippais un peu pour la négociation du virage mais on me certifia qu’il n’y aurait aucun souci. Chéri Coco avait l’air confiant donc j’ai un peu fait ma chochotte pour ne pas nuire à ma réputation mais je suis montée quand même. L’ascension m’a semblé très longue et je sentais bien que la bête peinait à effectuer sa tâche. En plus mon « accompagnateur » qui devait nous suivre avec la télécommande n’avait pas l’air à l’aise. Son collègue l’avait pourtant bien briffé :
– « On s’en sert très rarement alors il est un peu rouillé mais ça devrait aller. Et surtout René tu ne lâches pas le bouton jusqu’à l’arrivée !!! »

Ah pourquoi si on lâche ça explose, ça bascule, ça s’éjecte? C’est le genre de conneries conseils qui me mettent vachement en confiance d’autant plus que le conseilleur en question s’est vite sauvé à l’étage. Bref René et moi on est arrivé à bon port et malgré que l’engin soit resté en lévitation à trois centimètres du sol pour une raison inexpliquée j’ai pu descendre et assister au récital.

Et puis il a fallut repartir en sens inverse … René m’a encore une fois assisté dans mon périple et tout s’est bien déroulé jusqu’à 10 centimètres de l’arrivée. Là rien à faire l’appareil n’a jamais voulu lever la barrière de sécurité avant, seulement l’arrière. On a tout essayé, enfin surtout René, mais il n’y a rien eu à faire c’est resté bloqué et le sifflement strident de la machine qui hurlait son désaccord me tapait sérieusement sur les nerfs. On a galéré comme ça une demi heure durant laquelle le bon conseilleur du départ m’avoua :

– « Il marche jamais ce machin, ça a coûté des millions et un an après son installation l’entreprise a fait faillite et il n’est pas entretenu. C’est pour ça que quand je vous ai vu arriver je me suis sauvé »

OK ! Au moins ça a le mérite d’être clair. Je surveillais du coin de l’œil Chéri Coco qui commençait à s’impatienter avec Vie n°2 dans les bras qui elle pétait littéralement un plomb. Du coup, après douze tours de clefs et trente marches/arrêts on s’est dit qu’il allait falloir trouver une solution et tous ces bonhommes ont décidé de me sortir par la force. C’est typique masculin cette réaction, si ça fonctionne pas on arrache tout le bordel. Bon allons y gaiement alors !!! Et ça a marcher, en deux minutes j’étais sortie de l’enfer et à nouveau libre. J’ai chaleureusement remercié René qui n’y était pour rien et a tout fait pour que ça se passe bien et je me suis vite enfuie en jurant qu’on ne m’y prendrait plus.

En m’installant dans la voiture Chéri Coco me confie :

– « Purée le truc il penchait salement en montant, je me suis dit que tu allais valdinguer en bas. Mais bon j’étais là au cas où. »

Il est marrant Chéri Coco. Tu parles qu’il m’aurait rattraper avec Vie n°1 à la main droite et Vie n°2 sur le bras gauche. Encore un truc de mec ça …

Je vous montre quand même à quoi ressemble le monte-escalier en question :

Image tirée du site www.proelevation.fr

Rassurant non ?

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