Une fois n’est pas coutume

Dimanche je vous annonçais fièrement vouloir défendre la cause des femmes handicapées et voilà que je commence avec l’histoire d’un homme. Il faut dire que ce qui lui arrive vaut la peine d’être relayé tant on atteint des sommets dans le mépris de la personne et de sa dignité. Je vous laisse découvrir tout ça sur son blog ici
Si je vous parle de cette histoire c’est que le cas de Louis van Proosdij Duport n’a rien de si exceptionnel. Je sais pour l’avoir vécu que le personnel soignant et les grosses boîtes de soins à domicile ne sont pas toujours très clean vis à vis de leurs patients/clients et souvent les personnes qui subissent ces agissements n’ont pas la force physique ni intellectuelle pour se battre à armes égales contre une infirmière en chef hautaine et méprisante. Les médecins et autres membres du corps médical ne sont d’ailleurs pas en reste …

Quelques exemples puisés dans mes souvenirs vont sans doute vous faire bondir :
#1 : je suis en rééducation depuis un an. Comme mon accident a été causé par un tiers son assurance doit me dédommager et j’ai rendez-vous avec un médecin expert diligenté par ladite assurance pour évaluer mon état. En gros il vient faire mon contrôle technique. Je m’attends, en bon bisounours que je suis, à voir débarquer une personne douce et compatissante qui va m’écouter et comprendre comment alléger le poids de mon handicap en finançant par exemple un véhicule adapté. Que nenni !!! En lieu et place de cet être de bonté et d’amour est arrivé un gros bonhomme suant, râlant et pressé d’en finir avec le dossier n°xxx. Il ne m’a pas regardé, ne m’a pas touché et ne s’est adressé qu’à mon médecin. Et quand au moment de partir je lui ai parlé d’une voiture il m’a dit :
– Une voiture ? Pour quoi faire ?
– Heu … aller en courses, faire les magasins …
– Et bien vos courses on vous les fera !
Il est partit. J’ai pleuré. J’avais 18 ans et je venais de passer 6 mois alitée.
#2 : En rééducation toujours, je n’avais droit qu’à une douche par semaine et le reste du temps c’était toilette au lit. Mon jour à moi c’était le mercredi. Du coup le jeudi ça allait, mes cheveux étaient encore beaux et sentaient bon. En étant pas trop regardant le vendredi ça pouvait passer, seules les racines commençaient à graisser. Oui parce que je dois bien l’avouer j’ai le cheveu gras. Je vous laisse donc imaginer le casque luisant que je me trimballais le reste de la semaine et avec quelle impatience j’attendais ma douche salvatrice et dégraissante du mercredi.
Si j’avais de la chance l’aide soignante du weekend était sympa et si il y avait beaucoup de patients en permission je pouvais alors négocier un shampoing au lavabo, voire une douche. Si c’était la peau de vache à cheval sur les consignes je pouvais toujours supplier elle ne m’entendait pas. Sa seule réponse était :
 
– Tu ne te rends pas compte si je le fais pour toi je devrai le faire pour les autres.
Il faut savoir que dans le service certains weekend on était trois et que le petit papy de la chambre d’à côté ne voyait pas d’inconvénients à ne pas être douché, je crois même que si on ne l’avait pas lavé du tout ça l’aurais bien arrangé . Et évidemment c’est cette même casse-couille qui venait te lever à 7h00 le dimanche matin, seul jour où tu peux dormir un peu plus longtemps. Et toujours le même style d’excuse :
– Il faut bien que je commence par quelqu’un …
– Et bien va voir le papy d’à côté il est réveillé depuis 5h00. 
 
– Non c’était déjà lui le premier la semaine passée, on doit tourner et c’est ton tour.
C’était sans appel. Il fallait qu’elle suive le règlement imposé sans tenir compte de l’autre, de l’être humain en face d’elle avec des envies, des besoins, des humeurs et encore un peu de dignité. Je me suis pliée à toutes ces contraintes sans rechigner pendant des années, patientant des matinées entières devant la télé en attendant l’arrivée de l’infirmière, acceptant sans broncher d’être lavée à la va vite par des aide-soignantes sous qualifiées.
Heureusement j’ai toujours eu la chance d’être entourée de personnes bienveillantes prêtes à rattraper les erreurs. Certaines de mes auxiliaires de vie d’abord, toujours prêtes à réajuster un bas de contention mal posé ou une ceinture abdominale trop serrée. Et puis mon mari qui aurait bien trucidé quelques personnes en me voyant si mal fagotée certains matins. Car même si on décide que notre amoureux n’interviendra pas dans notre toilette et autres soins, il est toujours plus facile (en tous les cas pour moi) de lui demander un peu d’aide que de dire au soignant pour la vingtième fois qu’il a mal mis ceci ou mal fait cela …
Je tiens quand même à préciser que j’ai dépeint le côté noir du monde des soins à la personne. Il y a bien sûr parmi les intervenants des personnes formidables, humaines et soucieuses du bien être de leurs patients. Malheureusement je suis obligée de le souligner car ça ne coule pas de source …
Il semble que la situation de Louis van Proosdij Duport se soit un peu arrangée, voyez ici
Dommage qu’il ait fallut en arriver à tout déballer sur le net pour se faire entendre :(

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